Comme l'indique Ionescu (1994), « peu de termes sont aussi difficiles à définir que psychothérapie ». Nathan (1998) propose de définir les psychothérapies par ce qu'elles ne sont pas, afin de les distinguer des chimiothérapies, des thérapies religieuses, traditionnelles, ou politiques. Il parle d'un traitement "non armé" de la souffrance psychique pour exprimer l'exclusion d'un recours aux médicaments, à des amulettes et à toute forme de prière ou de communion idéologique. Maurer (2001) définit la psychothérapie comme un processus interactionnel conscient visant « l'atténuation des souffrances, des troubles psychiques et/ou un remaniement de l'équilibre psychique du patient qui consulte ». Brusset (2003) propose une définition plus accessible : « quelqu'un parle de soi à quelqu'un d'autre qui l'écoute, s'efface pour cela, et qui est supposé pouvoir l'aider ».
La psychothérapie est avant tout "traitement psychique" (Freud, 1890). Moro et Lachal (1996) insistent sur le fait qu'il ne s'agit pas d'un soin "de" l'esprit mais d'un soin "par" l'esprit. Ces auteurs définissent également la psychothérapie suivant quatre éléments : ses moyens (psychologiques), son objet (le conflit), sa fonction (une relation interhumaine), et ses buts (un processus de changement). L'intervention d'un psychothérapeute donne de l'importance à des aspects que le patient considérait jusque là comme secondaires. Cela apporte de nouvelles explications à des problèmes qu'il a l'impression de mieux comprendre (Blanchet, 1998). Brusset (2003) rappelle que parler de soi à quelqu'un qui écoute de manière compréhensive a des effets de consolation, de réparation narcissique, et de réappropriation de l'histoire personnelle. Cela conforte également l'identité et l'estime de soi. L'écoute développe le pouvoir d'imagination du symptôme par le patient qui, en retour, favorise l'empathie et l'efficience du psychothérapeute (Wolf, 1995).
Il est difficile de quantifier le nombre de psychothérapies existantes. Les critères de différenciation des psychothérapies sont multiples: la théorie, les techniques, les aspects formels (durée et type de patient concerné), les indications mais aussi la place accordée à la dimension corporelle. Un dernier critère discriminant est le postulat de l'existence de l'inconscient, ou au contraire d'agir sur l'activité consciente (Moro et Lachal, 1996). Blanchet (1998) reprend l'analogie avec le jeu de Winnicott (1971) et opère une distinction entre ceux dont les règles sont connues (thérapies directives), et ceux dont il faut deviner les règles (thérapies non directives).
Pour Duruz (1994), un psychothérapeute qui maintiendrait son action sur un usager, sans partager avec lui un système commun de croyances, serait un "usurpateur". Il serait donc pertinent, pour un clinicien, de garder à l'esprit le questionnement suivant :
« au nom de quoi, au juste, me suis-je institué psychothérapeute? ».
Références bibliographiques
BLANCHET. A. (1998). L'interaction thérapeutique, Psychothérapies. Paris: Odile Jacob.
BRUSSET, B. (2003). Les psychothérapies. Paris: Que sais-je? , Puf.
DURUZ, N. (1994). Narcissisme et pluralité des modèles, Psychothérapies, l'approche intégrative et éclectique. Toulouse: Le Coudrier/Somatothérapies.
FREUD. S. (1989). Le début du traitement, La technique psychanalytique. Paris: Puf.
IONESCU. S. (1994) Bases des interventions psychothérapeutiques, Cours de psychologie 3: champs et théories. Paris: Dunod.
IONESCU. S. (1998). L'évaluation des psychothérapies, Psychothérapies. Paris: Odile Jacob.
MAURER, M. (2001). Comment choisir son psychothérapeute? Attention, risque de pratiques déviantes. Revigny-sur-Ornain:Hommes et perspectives/ Martin Media.
MORO, M.R., LACHAL, C. (2004). Introduction aux psychothérapies. Paris: Armand Colin.
NATHAN. T. (1998). Eléments de psychothérapie, Psychothérapies. Paris: Odile Jacob.
WINNICOT. D.W. (1971). Jeu et réalité. Paris: Gallimard.
WOLF.M., WILDOCHER. D. (1995). Théorie de l'action psychothérapique. Paris: Puf.
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